Intervention à propos du calendrier des communistes pour l’élection présidentielle :
La question de ce calendrier ne peut pas être déconnectée du contexte dans lequel nous nous trouvons. La situation politique est très préoccupante, nous nous trouvons dans un moment de tension extrême. Nous devons défendre les libertés publiques contre un état libéral qui cède à la tentation autoritaire. Pour le seul mois de Décembre, deux lois liberticides sont en discussion au parlement : la loi sécurité globale, et celle sur les principes républicains. Nous devons redoubler d’efforts dans notre lutte contre tous les racismes tant aujourd’hui est visible un racisme qui fait système au cœur même des institutions, le cas de la Police est symptomatique des écarts qui se creusent entre les habitants des quartiers populaires et des institutions censées être républicaines. Nous devons défendre pied à pied le principe de laïcité contre toutes celles et tous ceux qui veulent le dévoyer. Sur ce sujet l’offensive réactionnaire est telle qu’on trouve dans le rapport des débats du CEN les mots « laïcité de combat » qui peuvent appartenir à toutes les familles politiques mais pas à la nôtre. Notre position historique, n’en déplaise à certain.e.s c’est toute la loi de 1905, rien que la loi de 1905. A cela s’ajoute une crise sociale sans précédent dont beaucoup ont déjà parlé. Cette crise elle n’est pas simplement celle de la montée de la pauvreté, elle est celle du retour de la misère. Une misère qui se cache, mais qui est partout présente. Elle n’est pas une courbe théorique, elle est la faim qui monte dans nos quartiers populaires.
Certain.e.s l’on dit également, face à ces crises une certaine radicalité est en train de monter dans notre pays. La jeunesse, notamment, envahit tous les espaces de contestation, elle manifeste, elle s’engage. Pourtant, et cela devrait nous interroger, nous n’arrivons pas à transformer cette colère. Mais ce n’est pas parce que nous ne sommes pas assez visibles, mais parce que nous ne sommes pas assez ouverts. Notre attitude lors des manifestations est symptomatique de ce décalage, alors que la jeunesse se déploie en fanfare dans les rues de Paris, nous sommes au mieux engoncé.e.s derrière une banderole avec nos élu.e.s en écharpes. Quand la radicalité s’exprime nous en sommes spectateurs.
Avec ces crises, c’est la droite et l’extrême droite qui sont en situation de capitaliser. Moi, je vous le dis, cela m’inquiète que Marine Le Pen ait déjà son billet validé pour le second tour. Cela m’inquiète encore plus que la droite puisse faire le choix d’un Général pour incarner une ligne de l’ordre et de morale. Il faut sortir du ciel des idées, le risque est là concret et tout est mis en place pour que le pire arrive.
C’est à l’aune de cette situation que nous devons construire notre processus et nos réponses. La déclaration qu’il nous est proposé d’adopter cette après-midi commence ainsi : « Face à la gravité des crises le PCF agit pour un rassemblement large en 2021 autour de politiques de gauche et de transformation sociale, solidaire, écologique, démocratique, capable de battre la droite et l’extrême droite. ». Je dois vous avouer que je ne comprends pas, que, ce qui est vrai en 2021 ne le soit plus en 2022. Qu’en 2021, face à la crise c’est rassemblement, et en 2022 face à la crise c’est l’affirmation du PCF. Les années impaires le rassemblement, les années paires candidature communiste. Nous nous complaisons dans l’absurde.
Si une conférence nationale doit se tenir au Printemps elle doit tenir deux objectifs.
D’abord il faudra lever les hypocrisies et les non-dits sur la candidature communiste. Depuis ce matin, j’ai relevé trois conceptions différentes de cette candidature, trois objectifs et je peux vous dire qu’ils sont contradictoires. 1/ Témoigner de ce que nous sommes, dans une visée d’affirmation et d’identité, une candidature pour montrer que le PCF existe 2/ Faire gagner la gauche en rabattant nos voix du 1er tour vers le candidat social-démocrate au second tour, c’est l’exemple de 1981 développé par Fabien Roussel ce matin sur France Inter 3/ Mettre un candidat dans la balance pour peser sur le rassemblement des forces de gauche et l’obtenir.
Il faut clarifier ces lignes, elles sont inconciliables.
Enfin, cette conférence nationale, et certains en ont parlé, elle doit nous permettre de trouver le chemin de la victoire de la gauche en 2022. Je ne me résous par simplement à vouloir conforter le groupe communiste à l’assemblée nationale. Il faut porter l’ambition d’une majorité alternative, avec d’autres, et poser les bases d’un accord législatif, de 10 mesures d’urgences pour sortir le pays des crises, et d’un accord de gouvernement. Revenons à la raison, sortons de notre focalisation mortifère sur l’élection présidentielle. Seule la réponse à « comment construire une majorité alternative ? » permettra de trouver le bon chemin pour la présidentielle. Au moment où nous fêtons nos 100 ans, souvenons-nous que le Parti a su, dans les moments les plus intéressants de son histoire, se rendre utile, non pas à, seulement à lui-même mais aux français.e.s