J’aimerai d’abord dire l’inquiétude des camarades quant à notre capacité à faire vivre dans la période de pandémie le débat au sein des communistes. Combien de section n’ont pas pu se réunir en 2021 ? Je crois qu’un regard sur l’état de notre organisation, sur notre difficulté à faire vivre le débat démocratique au cœur de ces évènements dramatique est nécessaire.
Par ailleurs, ayons conscience de l’état de division dans lequel se trouve la gauche. Elle est en miettes. Eclatée tant par les volontés hégémoniques que par les trahisons. Seuls les mouvements sociaux tiennent encore la gauche debout. Antiraciste, écologiste, féministe, syndicale les colères se multiplient et s’expriment avec force, sans pour autant trouver de débouché politique. A ce titre l’accord dans les Hauts de France est une lueur d’espoir !
Je nous appelle à porter un regard lucide sur le chemin parcouru depuis 2018 :
Celui-ci tient pour moi en deux points.
D’abord des échecs électoraux importants. La perte de nos députés européens, malgré la dynamique de campagne que nous avons cru percevoir, ne peut satisfaire personne. Il s’agit d’un affaiblissement dont nous avons du mal encore à mesurer les conséquences. C’est la première fois que les communistes français disparaissent d’une chambre parlementaire de ce niveau.
Cette défaite qui aurait pu être évitée en saisissant les mains tendues à gauche, prouve qu’il ne suffit pas d’agiter le drapeau rouge pour mobiliser l’électorat communiste. Nos électeurs ne se rangent pas sagement derrière une bannière, ils participent à des rassemblements qui les dépasse et qui les emportent, car ils sont porteurs de sens et d’alternatives.
Echec aux municipales, les chiffres parlent d’eux-mêmes, nous avons gagné des villes représentants 250 000 administré.e.s, mais nous avons surtout perdus des villes emblématiques ces villes représentant 650 000 administré.e.s.
Ensuite notre effacement de champs de lutte entier. J’ai déjà parlé ici de ce que je considère comme un abandon pur et simple de certains secteur de lutte depuis la réorientation du 38e congrès.
Nous avons été invisibles et inaudibles sur l’ensemble des mobilisations pour le climat. Notre Parti n’a organisé aucune présence visible et structuré à Paris lors de ces grands rassemblements. Nous avons traité cette mobilisation comme nous avons traité le mouvement des gilets jaunes, les luttes antiracistes, les luttes féministes c’est-à-dire comme des objets extérieurs.
J’aimerai ici me faire l’écho de l’incompréhension des camarades sur la non réponse de notre parti à l’initiative de la France insoumise contre la chasse aux sorcières islamogauchiste dans l’enseignement supérieur.
Ayons conscience du bouleversement en cours des univers et des représentations politiques, ce qu’a dit Laurence sur les luttes féministes est vrai pour de nombreux sujets desquels nous n’arrivons pas nous saisir. Nous sommes face à des révolutions des modes de pensée et des représentations ! Cela doit nous questionner et devrait nous pousser à réagir.
Pour terminer un mot sur la situation de notre parti. Les chiffres sont cruels, depuis le dernier congrès nous avons perdu plus de 10% de nos adhérent.e.s. Certain.e.s s’en contente, mais la logique selon laquelle le parti se renforce en s’épurant ne peut constituer une stratégie à long terme.
Malgré ses efforts, la voix de fabien Roussel ne perce pas dans le débat public. Nous nous enfermons petit à petit dans une mythologie d’un Parti qui pourrait se mettre en mouvement pour un homme alors que le PCF a pour vocation à travailler à l’avènement de rassemblements et d’idées pour transformer le monde et la société.
Ce décalage est d’autant plus aigu que la situation politique et sociale est dramatique. La présidence Macron a continué à exacerber les violences de classe. Le Président des riches aura travaillé pendant 5 ans pour les riches, en déroulant ses mesures libérales et son mépris de classe d’une violence inouïe. La pression de l’extrême droite est de plus en plus étouffante, dans les médias le discours de division et de haine prend de plus en plus de place, nous sommes passé d’une dédiabolisation de Le Pen à une normalisation, pour préparer sa présidentialisation. Le scenario où le rassemblement national arriverait au pouvoir ne tient plus de la science-fiction mais est entré dans l’ordre du probable. La crise sanitaire que nous traversons a profondément bouleversé nos façons de vivre et notre rapport au travail. La crise sociale qui avance est une lame de fond qui bouleverse les vies des plus précaires et des plus fragiles et qui chauffe à blanc la base sociale du fascisme.
Dans ce contexte, je pense important que notre conférence nationale, se concentre sur comment trouver le chemin de la victoire de la gauche en 2022. Nous ne pouvons avoir comme seule ambition de conforter ou de sauvegarder le groupe communiste à l’assemblée nationale.
Nous sommes sur un fil, et le PCF devrait mettre toutes ses forces à empêcher le basculement vers le pire. Nous devons porter l’ambition d’une majorité alternative, celle-ci ne peut se concevoir qu’avec d’autres forces de gauche. Pour cela nous devrions poser les bases d’un travail ensemble avec un accord législatif, 10 mesures d’urgences pour sortir le pays des crises, et un accord de gouvernement. C’est le seul moyen de redonner à notre Parti une dynamique et une perspective. Vous comprendrez que je soutiens la proposition dite à cette heure alternative et que j’espère à la fin de nos débats majoritaire