Bonjour à toutes et à tous,
J’aimerais revenir sur les 3 débats qui ont été ouverts ce matin par le rapport de Fabien Roussel.
Concernant le vote Front National et l’urgence démocratique je me félicite qu’enfin, nous partagions le constat d’une situation urgente et dangereuse. Le vote pour le RN n’est pas un fantasme, c’est une réalité très préoccupante. Plus de 10 millions d’électeurs ont choisi de mettre un bulletin Marine Le Pen dans l’urne. Ce vote n’est pas anodin, il a un sens. Il faut le prendre en compte. Ce n’est pas seulement un acte d’électeurs et d’électrices faché.es ou un vote utile anti-Macron comme j’ai pu l’entendre ici.
Voter pour le RN, c’est voter pour des idées, et l’idée maîtresse, c’est la préférence nationale. Dans plus de 50 % des duels où s’opposaient la NUPES et le RN, les électeurs ont tranché pour la préférence nationale.
Partant de ce constat, il faut mener le combat sur le terrain des idées. Il ne faut faire aucune concession sur aucun terrain au RN. L’accueil inconditionnel des étrangers, la réparation des territoires délaissés de la République, l’égalité de droits entre toutes et tous quel que soit la situation administrative sont des batailles que nous devons porter et assumer politiquement avec plus de force.
Pour cela et c’est le deuxième axe de mon intervention, il faut cesser d’alimenter l’opposition entre France périphérique et métropole, notamment dans notre compréhension des phénomènes électoraux et du vote RN.
Ces approches sont bien souvent caricaturales, Perpignan, Marseille, St Tropez, Hayange et Henin Beaumont ont toutes des députés Rassemblement National, elles ne témoignent pas des mêmes réalités.
L’opposition France des Métropoles, France périphérique est une grille de lecture beaucoup trop réductrice. Rappelons d’où viennent ces thèses. Elles sont celles développées par Christophe Guilluy notamment dans ses ouvrages fractures françaises, et la France périphérique : comment on a sacrifié les classes populaires. Valider ces thèses, c’est ouvrir la voie à une lecture socio-culturelle des faits politiques. C’est un grand risque d’ethniciser des débats et de tomber dans des réponses identitaires.
Comme avec d’autres thèses à consonances identitaires, celles de Laurent Bouvet et du Printemps Républicain par exemple, il existe de plus en plus de porosité entre ces réflexions et des prises de paroles de communistes notamment sur les réseaux sociaux.
Ces thèses sont des outils pour diviser notre camp social. Il faut se garder d’alimenter par certaines prises de positions ces divisions factices. Elles empêchent de créer les convergences qui sont pourtant nécessaires à la prise de pouvoir et au renversement de l’ordre du monde capitaliste.
C’est pourtant réussir cette union qui devrait être la tache première du PCF. Pour cela, l’isolement et le repli ne peuvent en aucun cas être une solution. J’entends qu’on veut inventer de nouvelles choses de nouveaux appels de nouveaux comités d’action. C’est faire fi du déjà là. La NUPES est une réalité politique et un cadre qui existe déjà pour beaucoup d’électeurs. Nous devons l’investir pleinement.
Le PCF doit être offensif et revendiquer sa part des réussites de la NUPES. Nous ne devons pas abandonner le crédit du rassemblement à la France insoumise. Beaucoup de communistes en ont été les acteurs et les forces motrices.
Où situer l’apport Communiste dans la NUPES, quelle place y prendre ? De nombreux jeunes fréquentent la NUPES, s’y sont investis et y ont cru. Dans les discussions que nous pouvons avoir avec eux, une chose me frappe, leur besoin d’une parole communiste, c’est-à-dire de contenus exigeants, transformateurs, et discutés démocratiquement – plus que cela encore le besoin de construire ensemble un horizon d’une transformation radicale de la société pour sortir du capitalisme.
Pour répondre aux urgences décrites par Patrice Bessac ce matin dans son intervention, à la nécessité d’une bifurcation écologique touchant à nos modes de production et de consommation, à notre manière de vivre, le projet communiste prend tout son sens et est d’une actualité brulante. Nous n’avons même pas dix ans pour mettre fin à l’épuisement de la planète par les capitalistes. Nous sommes face à des choix de civilisation majeurs, les communistes doivent investir ces combats aux côtés du mouvement social, c’est là la seule manière de renverser le capitalisme et de faire gagne les intérêts du plus grand nombre.