Des communistes répondent à Michel Onfray

Retrouvez ici la tribune que nous avons signé sur le club de Médiapart en réponse aux propos de Michel Onfray

Dans une tribune infâme publiée par le Journal du Dimanche, Michel Onfray porte une violente charge contre le Parti Communiste. Ce texte est une réponse au projet de résolution déposé par les député·e·s communistes et de la NUPES condamnant le régime d’apartheid mis en place en Israël. Onfray y caractérise un nouveau temps de l’antisémitisme « islamo-gauchiste » qui serait la continuation d’un antisémitisme historique dont le PCF serait le fer de lance.

Fidèle à ses procédés de falsifications habituels, sans peur du ridicule, Onfray fait de Marx et d’Engels des penseurs antisémites et du PCF le parti de la collaboration avec Pétain. C’est ce même Marx, qu’il essentialise comme juif, en le renvoyant à « un lignage de rabbins ashkénazes ».

Il cite par ailleurs un extrait de l’Humanité du 4 juillet 1940 en oubliant de dire qu’elle est clandestine. On sait la faute que fut le soutien du PCF au pacte germano-soviétique, faute commise dans les conditions de la clandestinité et de l’interdiction, par obéissance à l’Internationale communiste et appuyée sur une mauvaise analyse des rapports entre démocratie et capitalisme. Mais cela n’avait rien à voir avec de l’antisémitisme. Malgré cette erreur, l’histoire du PCF est honorable. Il fut même le premier à prendre conscience du danger fasciste. Il n’est qu’à citer son engagement du côté des républicains pendant la guerre d’Espagne en 1936 et son refus quasi solitaire en 1938 des accords de Munich qui offrait la Tchécoslovaquie à l’Allemagne nazie. Onfray réédite l’antienne d’un PCF qui ne serait entré en résistance qu’en juin 1941, après l’invasion de l’URSS. Lui qui prétend faire de l’histoire, n’a-t-il jamais entendu parler par exemple de l’appel de Charles Tillon du 17 juin 1940, des étudiants communistes manifestant avec d’autres sous l’Arc de Triomphe le 11 novembre 1940, ou de la grève des mineurs du Pas-de-Calais du printemps 1941 ni de la création par les communistes du Front national pour la liberté et l’indépendance de la France en mai 1941…?

Ensuite, Onfray ose écrire que la résistance des communistes fut un mythe construit notamment par de Gaulle (sic). N’a-t-il jamais entendu parler des milliers de communistes réprimés et assassinés par Vichy et l’occupant nazi, des dizaines de milliers de communistes déportés dans les camps de concentration ? Ne sait-il pas que le philosophe communiste Politzer a écrit dès février 1941 un des premiers textes d’analyse et de dénonciation d’ensemble de l’idéologie nazie et de son antisémitisme ? Politzer fut fusillé en 1942. Sait-il que le communiste Charles Lederman fut un des organisateurs de la résistance juive ?

En fait, l’Histoire n’est pas le problème d’Onfray. Dans sa description des âges de l’antisémitisme, il omet d’ailleurs volontairement l’antisémitisme raciste d’extrême-droite. Onfray ne sait même pas lire Poliakov comme il n’a jamais su lire Marx, Freud et tous les grands penseurs de l’émancipation.

Et pour cause, le philosophe de CNews est en mission, faire disparaître les vrais responsables de la Shoah, le Nazisme et le Fascisme pour construire un récit où l’extrême-droite n’existe pas et est inoffensive. Les théories sur les inégalités entre les races du début du 20e siècle, les millions de morts de la Shoah, les crimes contre l’humanité commis au nom des nationalismes, tout cela est absent de son texte.

L’anticommunisme d’Onfray n’est au fond qu’une des facettes de son ralliement aux théories d’extrême-droite. Son discours est même caractéristique d’un populisme d’extrême-droite fait d’outrance et de théories du complot. Les progressistes doivent se rassembler et dénoncer ces falsifications, tant depuis un siècle, l’Histoire progressiste de la France et celle du PCF sont étroitement liées. Mais le PCF n’est pas seul dans le viseur ; ce sont toutes les composantes de gauche que l’on veut délégitimer en les accusant d’antisémitisme. Alors faisons front ensemble.

Josselin Aubry, Hadrien Bortot, Marie-Pierre Boursier, Vincent Bouget, Grégory Géminel, Frédérick Genevée, Vanessa Ghiati, Fabienne Haloui, Robert Injey, Isabelle Lorand, Sonia Masson, Frank Mouly, François Salamone.

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