Texte publié sur le blog médiapart les communistes
Mikhail Gorbatchev, dernier dirigeant de l’ Union soviétique, est décédé ce mardi 30 août. Dès son accession à la responsabilité de secrétaire général du PCUS en 1985, il engagera de nombreux chantiers pour tenter de réformer un régime totalement sclérosé, une politique de Perestroïka (reconstruction) pour qu’enfin « socialisme » rime avec « démocratie ».
Cette tentative de réforme, sans doute vouée à l’échec car trop tardive et manquant d’un soutien populaire suffisant, fût marquée aussi bien par d’importantes résistances d’un parti et d’un appareil d’État en complète décomposition, que par l’hostilité des régimes occidentaux, inquiets qu’une alternative démocratique à la grisaille policière stalinienne puisse se dessiner à l’Est. C’est aussi en vertu de cette politique de renouveau démocratique et de transparence (Glasnost) qu’il mettra fin au goulag, et contribuera à abolir la censure d’état et à établir la liberté de la presse.
C’est également en tant qu’artisan d’une politique de désarmement et de dénucléarisation dans une époque marquée par d’intenses tensions Est-Ouest qu’il contribuera à réduire durablement la menace de conflagration militaire globale encore très aiguë au coeur des années 80. Il sut plus tard prolonger ce combat pour réduire les risques pesant sur l’humanité à l’échelle planétaire, en s’engageant sur les questions écologiques, défendant entre autres le principe d’une justice internationale chargée de juger les crimes écologiques commis par les États comme par les entreprises.
Deux jours après le décès de Mikhaïl Gorbatchev, en dehors d’un « tweet » de son secrétaire national, le Parti communiste français reste silencieux sur cette disparition. Un silence paradoxal s’agissant d’un homme qui tenta à sa manière de sortir le communisme des ornières dans lequel il s’était enlisé en URSS, comme le PCF lui-même tenta de l’exprimer dès les années 70 en prenant ses distances et en proposant un socialisme « à la française ». Il est paradoxal qu’alors que ce chantier de réinvention d’un communisme d’aujourd’hui reste plus que jamais d’actualité, notre parti reste sans voix sur un tel événement.
Plus grave, nous sommes profondément inquiets de la multiplication de déclarations de dirigeants communistes ou d’organisations de jeunesse comme celle du MJCF, qui réécrivent pour le moins l’histoire et caractérisent cette tentative de reconstruction communiste, au contraire en œuvre de liquidation. Nous y voyons le refus de réussir aujourd’hui la métamorphose communiste qui échoua naguère en URSS.
Josselin Aubry, Hadrien Bortot, Nicole Borvo Cohen-Seat, Marie-Pierre Boursier, Grégory Géminel, Frédérick Genevée, Robert Injey, Yann Le Lann, Sonia Masson, Frank Mouly, François Salamone